Après une licence en musicologie, je suis partie deux ans aux Etats-Unis où j’ai étudié le stylisme à Parsons New York. De retour en France, je décide de commencer un Bachelor photographie à l’école de Condé de Nancy. A coté de ma pratique photographique, je continue à travailler dans les ressources humaines. Pour moi la photographie est un moyen d’appréhender mon environnement, de le questionner et de me questionner. Ma photographie s’inscrit dans le mouvement du documentaire fictif. Dans ma pratique, je mélange mes photographies à des documents, articles et images d’origines extérieures qui viennent guider et appuyer mon propos. Je m’intéresse particulièrement aux rapports qu’entretient la photographie avec la réalité, la vérité et l’objectivité. Par quels moyens la photographie permet-elle de normaliser nos visions ? Comment rapproche-t-elle objets matériels, physiques (le corps) et objets immatériels, intellectuels (l’esprit, les sentiments…) ? Je m’interroge sur la manière dont la société perçoit et traite l’information visuelle aujourd’hui. L’abondance et le flux constant d’images échangées a-t-elle changé nos vies ?
Ma pratique s’inscrit entre la fiction et le documentaire fictif. Je suis attirée par l’imaginaire, la déambulation de l’esprit et du corps, mais aussi par ce qui m’entoure, par les évènements qui touchent les gens. Fiction, du latin fictio et du verbe fingo, ere signifie façonner, imaginer, forger de toute pièce. Alors que se passe-t-il quand on prend un fait réel comme base pour le transformer en quelque chose qui est tout autre ? Ekaterina, de Romain Mader est remarquable puisqu’on traite ici d’un sujet grave, déguisé de couleurs vives et d’humour. Le fond et la forme dénotent, ce qui attire l’attention. Ce qui me ramène à l’essence même de la photographie : une représentation du réel, qu’elle soit fidèle ou pas.
Je m’interroge beaucoup en tant qu’individu sur les notions de vérité, réalité, fiction, et comment la vision de chacun sur un point de vue peut être si différente. Il est alors compliqué de comprendre la société dans son ensemble, c’est donc ce qui m’intéresse. Le flux constant d’informations créé une fausse cohésion sociale qui change tout le temps, il est donc primordial pour moi de découvrir si la photographie est encore gage de preuve et de vérité.